LE PREMIER SEXE, ou la grosse arnaque de la virilité
- Administrateur
- 19 juin 2022
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 août 2022
Pour parler de lui, Mickaël Delis a eu l’audace de chercher à écrire un texte en miroir à celui Simone de Beauvoir. Celle-ci expliquait ainsi ses premiers pas vers l’écriture du Deuxième sexe :
« Qu’est-ce que ça avait signifié pour moi d'être femme ? »
« Pour moi, dis-je à Sartre, ça n'a pour ainsi dire pas compté ».
« Tout de même, vous n'avez pas été élevée de la même manière qu'un garçon : il faudrait y regarder de plus près. »
« Je regardai et j'eus une révélation. »
Avec beaucoup d’humour et de tendresse, Mickaël Delis tente, à son tour, en partant de son expérience personnelle, de démontrer qu’être un homme, cela ne veut pas dire grand chose… en tous cas, cela ne signifie pas répondre à des stéréotypes.
A titre personnel, l’une des choses qui me met hors de moi, ce sont les discours du type « les femmes (ou les hommes) sont ci/ font cela ».
Parce qu’à mes yeux : « les femmes », « les hommes » en général n’existent pas en tant que tels ! Il n’y a que des individus… singuliers, qui peuvent changer, progresser (ou régresser !) tout au long de leur vie…
Revenons au spectacle !
Mickaël Delis incarne sur scène toute une galerie de personnages, qu’il a côtoyés, de son enfance à aujourd’hui.
A commencer par sa mère !
A travers eux, il montre très concrètement et sans fausse pudeur ce qu’il a dû affronter : la pression de la société, des « hommes virils » ou souvent absents de son entourage ; les maladresses des femmes - sa mère, les amies de sa mère; la pression qu’il se met à lui-même, pour s’intégrer au groupe, ne pas se ridiculiser (rester seul plutôt que d’avouer son inexpérience de l’amour et de la sexualité) ; le malaise, dans un corps pas assez « masculin » et trop rond ; le temps de la séduction insatiable, de la consommation, comme pour se venger, se rattraper d’années d’humiliation ; l’homophobie subie mais aussi infligée ; et finalement, une conversation libératrice avec un père qui se livre enfin…
L’écriture est frontale… sans provocation excessive mais sans fausse pudeur… Assez directe pour mettre chacun de nous face à ses responsabilités, ses lâchetés, ses douleurs…
Devant nous, Mickaël Délis passe, tel un caméléon, d’un personnage à l’autre, jouant beaucoup sur la posture, la gestuelle et la voix, tout en préservant l’authenticité d’un ton de confidences.
Beaucoup de rires, beaucoup de résonances pour chaque parcours intime, quel qu’il soit, des prises de conscience j’espère, notamment pour celles et ceux qui n’ont peut-être pas vécu cette si difficile et pourtant indispensable traversée qui permet de de devenir soi, en tentant de se détacher des routes toutes tracées.
J’ai assisté à la dernière de la saison, au Théâtre La Reine Blanche, scène des arts et des sciences….
Le succès est au rendez-vous : reste à attendre une reprise !
TEXTE ET JEU : Mickaël Délis
MISE EN SCÈNE : Vladimir Perrin + Mickael Délis
COLLABORATION ARTISTIQUE : Elisa Erka, Clement le Disquay, Elise Roth, David Délis
COLLABORATION À L'ÉCRITURE : Chloé Larouchi
CRÉATION LUMIÈRE : Jago Axworthy
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