XAVIER GALLAIS : extraits de l’oeuvre de MARCEL PROUST
- Administrateur
- 22 mai 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 août 2022
Xavier Gallais lisant Marcel Proust : c’est une aventure qui a débuté pour moi il y a plus de dix ans, à la Comédie des Champs Elysées….
Je tournais autour de Proust sans réussir à m’y plonger ; on avait beau m’avoir dit et répété qu’il était difficile (voire impossible) et terriblement ennuyeux à lire, la curiosité continuait à me tenailler…
Et par un dimanche après-midi, me voici au balcon de ce théâtre (je m’en souviens comme si c’était hier !) avec mon cher ami Pierre.
Sur scène, se succèdent Robin Renucci, Bernadette Lafont… et puis ce jeune acteur très talentueux.
Une double révélation nous attend !
La première révélation : Proust !
Entre poésie, émotion et humour !
Proust peut être drôle et même nous faire rire aux éclats ! Pourquoi ne me l’avait-on jamais dit ????
L’autre révélation du jour : c’est l’alchimie particulière entre Xavier Gallais et Marcel Proust !
Le plaisir évident et contagieux, l’audace, le grand sens de l’humour avec lequel l’élégant jeune homme s’empare des mots écrits presque un siècle plut tôt par un autre élégant jeune homme : les regards, les sourire et silences distillés et offerts aux spectateurs émerveillés, ébahis et ravis !
Des années plus tard, nombreux sont ceux - « Proustiens » de toujours ou non - qui en parlent encore avec émotion et des étoiles dans les yeux…
« Vous y étiez ? »
C’est déjà un très gros travail de donner à entendre et comprendre la prose de Marcel Proust, ses longues phrases aux constructions souvent complexes… C’est un travail encore plus exigeant que de réussir à s’approprier en profondeur son écriture, sa pensée, ses émotions, pour en transmettre la saveur, les couleurs, les nuances…
Voir Xavier Gallais lire Proust, c’est d’abord une joie : le plaisir du partage ; la littérature mise à la portée du plus grand nombre ; la (re)découverte, l’exploration d’une langue délicate et subtile ; ce sont des rires, des sourires, des yeux brillants, des larmes aussi parfois… tant cette écriture peut nous toucher au plus profond, au plus intime…
Dimanche, en clôture du premier festival du livre de Bourg-la-Reine, la lecture devait se passer au jardin (celui de la Villa Saint-Cyr), au milieu des rosiers en fleurs…
La lecture avait été scénographiée dans ce cadre par Luca Antonucci…
Mais la pluie s’annonce. Il faut renoncer, changer les plans. Les instruments de Raphaël Chambouvet sont transférés dans le grand salon de la Villa…
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure »
Nous voici transportés dans un autre monde… les mots choisis de Marcel Proust parviennent à nos oreilles, à notre cerveau et à notre coeur : mouvements de l’âme, intermittences du coeur…
La musique de Raphaël Chambouvet vient s’entrelacer avec douceur et subtilité avec les extraits d’A la recherche du temps perdu que Xavier Gallais a choisi de partager avec nous. Malgré le changement de lieu impromptu, il se saisit de l’espace, entre la cheminée monumentale, la porte qui conduit à la roseraie, la grande baie vitrée richement décorée qui nous sépare du jardin et les étonnants phonographes multicolores posés au sol…
Une galerie de personnages prennent vie sous nos yeux : le narrateur, Françoise, la tante Léonie, la princesse des Laumes, Swann, Jupien, Charlus, Albertine, la grand-mère, la petite madeleine, Combray, les commerçants du marché…
Une fraction de seconde, une posture, une voix et une diction transformées… et nous passons de l’un à l’autre, d’une chambre à un salon, d’une cour d’immeuble à une autre chambre…
Les mots et les émotions semblent surgir du plus profond du coeur et de l’âme de Xavier Gallais… pour nous parvenir à travers sa voix bien sûr mais aussi, son regard, ses silences et les moindres mouvements de son visage, de ses mains et de son corps tout entier : il accélère, ralentit, s’arrête, regarde, observe, se recroqueville, s’agrandit, se déploie ; ses mains cherchent, se figent, virevoltent, caressent une longue chevelure imaginaire ….
Un fil invisible se tisse et se tend vers le musicien qui l’accompagne et les spectateurs : un fil, des regards émerveillés, des sourires, des rires et quelques larmes.
Depuis 2009, le travail s’est poursuivi, affiné, enrichi des rôles, des rencontres… avec un enthousiasme renouvelé que nous avons eu la chance de partager en ce dimanche de printemps… à l’ombre de ces grands textes, incarnés avec un mélange de fidélité à l’auteur et de liberté qui m’a enchantée !
A l’aune de l’intensité et de la durée des applaudissements, des sourires ravis ou des larmes de l’une de mes amies, je sais que nous étions nombreux à être heureux d’être là, ensemble.
Il reste à souhaiter de découvrir cette création telle qu’elle avait été initialement imaginée ! Et partagée avec le plus grand nombre.
Merci à la ville de Bourg la Reine et à ses équipes, aux amis présents, à tous les spectateurs enthousiastes…
Merci à Marcel Proust, Raphaël Chambouvet, Luca Antonucci et à Xavier Gallais bien sûr !
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