MAJORANA 370
- Administrateur
- 21 janv. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 août 2022
Quand le théâtre et la littérature nous entraînent loin… dans des contrées où nous n’avions pas imaginé aller…
Qu’il est riche ce texte, écrit à quatre mains par Elisabeth Bouchaud et Florient Azoulay.... qui nous fait voyager des années 30 à nos jours, de l’Italie de Mussolini à l’Allemagne nazie, d’une salle blanche à une autre, des physiciens italiens du début du XXème siècle aux physiciens français du XXIème siècle, de Paris à Kuala Lumpur, d’une disparition mystérieuse à une autre : la disparition d’Ettore Majorana, en 1938, génie italien de la mécanique quantique et celle, presque un siècle plus tard, dans le fameux avion de la Malaysian Airlines, d’une femme dont la compagne poursuit justement les recherches de Majorana…
Et pour servir ce texte extrêmement dense, dans lequel j’ai trouvé des dimensions à la fois poétiques, scientifiques, historiques, philosophiques et intimes, la mise en scène d’une grande intelligence de Xavier Gallais, qui nous rend la pièce accessible, sans jamais simplifier le propos !
Tout commence un an après la disparition toujours inexpliquée de cet avion : parmi les passagers, la compagne de Cléia, physicienne. Elle est dans sa salle blanche … et semble happée par ses souvenirs et sa voix intérieure…
Les personnages apparaissent petit à petit ; les événements, les dialogues s’enchaînent : ici, là-bas ; maintenant, hier ; les thèmes, les époques, les lieux, les langues se répondent...dans un grand tout qui n’est pas linéaire ! Le décor (magnifique !) se déconstruit et se reconstruit...
Nous ne savons pas forcément où nous allons, mais nous nous frayons notre propre chemin... parmi toutes les pistes suggérées.
Un ami physicien me dit souvent que le temps n’est qu’illusion ... c’est un peu ce que nous expérimentons avec cette pièce... C’est parfois vertigineux. Sommes-nous dans le souvenir ? dans l’imaginaire ? dans la vie ? après la vie ? Peu importe, en fait ! Il suffit de se laisser porter....
Certains « tableaux » sont visuellement très beaux.
Les acteurs jouent tous une partition très précise : nous sommes entraînés dans l’univers de personnalités singulières et particulièrement bien incarnées ; tous les comédiens occupent l’espace avec beaucoup de fluidité, et passent avec aisance et une grande sensibilité de scènes de groupe à des échanges plus intimes, et pour certains, à des moments où l’isolement et la solitude prennent le dessus.
Certaines scènes sont d’une grande intensité émotionnelle : l’échange entre Werner Heisenberg et Ettore Majorana, l’au-revoir à Carine…
Des passages plus légers aussi, et d’autres encore qui nous projettent dans des heures sombres de notre histoire…
Et me voilà, durant deux heures, immergée dans ces univers, touchée, passionnée !
Et quand la lumière se rallume, un peu « groggy » au fond de mon fauteuil, envahie d’une émotion qui est montée en puissance très progressivement.
Quelle chance d’avoir assisté à ces premiers pas de MAJORANA 370 sur la belle scène du théâtre de la Reine Blanche !
Bravo aux auteurs, qui n’ont pas choisi la voie de la facilité, au metteur en scène, qui a su démêler le fil du récit et trouver des voies très belles pour nous entraîner dans cette aventure exaltante, à toute la belle équipe qui l’entoure
assistance à la mise en scène : Sandrine Delsaux,
création sonore : Florent Dalmas, création musicale : Olivier Innocenti, costumes : Delphine Treanton, scénographie : Luca Antonucci,
lumières : Matthieu Ferry
contribution du chorégraphe Fabio Dolce
Avec : Manon Clavel, Sylvain Debry, Mégane Ferrat, Benjamin Guillet, Jean-Baptiste Levaillant, Marie-Christine Letort, Alexandre Pierre Manbon et Simon Rembado.
Texte : Elisabeth Bouchaud et Florient Azoulay
Mise en scène : Xavier Gallais
Un spectacle d’une telle richesse est de ceux qui cheminent et vous accompagnent longtemps... 💕 se
Photos : Pascal Gély
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